Dans un contexte où les entreprises doivent faire preuve d’agilité, de transparence et de compétitivité, la classification des emplois s’impose comme un levier stratégique. Loin d’être un simple outil administratif, elle permet de structurer l’organisation, d’objectiver les décisions RH, et de garantir l’équité dans la gestion des talents comme dans la politique de rémunération.
Or, de nombreuses organisations souffrent encore de grilles obsolètes, de classifications floues ou inéquitables, ou de référentiels métiers qui peinent à évoluer avec les réalités du terrain. Résultat : tensions internes, incompréhensions, perte de repères pour les collaborateurs, et difficulté à piloter efficacement la performance RH.
Dans cet article, nous vous expliquons pourquoi et comment bâtir une classification des emplois solide, cohérente, évolutive — et surtout utile à la performance collective.
Qu’est-ce qu’une classification des emplois ?
La classification des emplois est un système de structuration qui permet à une organisation de définir, organiser et hiérarchiser les emplois qu’elle contient. Elle repose sur une logique de regroupement cohérent des fonctions, selon des critères objectifs tels que les responsabilités, la technicité, l’autonomie, l’encadrement ou encore l’impact stratégique.
Concrètement, il s’agit de répondre à des questions fondamentales :
Quels sont les emplois clés de l’entreprise ?
Comment les postes s’articulent-ils entre eux ?
Quels sont les niveaux de responsabilité associés à chaque fonction ?
Quelle valeur accorde-t-on à chaque emploi dans l’organisation ?
Les composantes d’une classification des emplois
Une classification structurée repose généralement sur trois éléments essentiels :
Le référentiel des emplois
Il s’agit d’une liste exhaustive et structurée des emplois présents dans l’entreprise, regroupés par familles professionnelles ou « filières ». Chaque emploi est décrit de manière synthétique dans une fiche emploi qui précise notamment :
Le périmètre des missions.
Les compétences clés.
Le niveau de responsabilité.
Les conditions particulières d’exercice.
Un référentiel bien construit est vivant : il évolue au fil du développement des métiers, des technologies et de l’organisation.
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Les niveaux de classification
Chaque emploi est ensuite classé selon des niveaux hiérarchiques ou fonctionnels, permettant :
De positionner les emplois les uns par rapport aux autres.
De créer des passerelles de mobilité (horizontale ou verticale).
De relier les postes à des plages de rémunération cohérentes.
Ces niveaux sont souvent regroupés par familles d’emplois (ex. : marketing, finance, production), chacune divisée en grades ou classes selon le niveau de complexité ou d’impact.
Les critères de classement
Pour garantir l’objectivité, les emplois sont analysés selon une grille de critères homogène telle que par exemple :
Autonomie dans la prise de décision.
Technicité requise ou complexité des tâches.
Encadrement ou coordination d’équipe.
Impact sur l’activité ou la stratégie.
Relations internes/externes nécessaires à la fonction.
Ces critères peuvent être pondérés et adaptés selon le secteur d’activité ou la culture de l’entreprise.
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Une boussole RH stratégique
Au-delà de sa fonction de structuration, une classification bien pensée devient une véritable boussole RH. Elle permet de :
Faciliter la gestion des carrières.
Créer un cadre d’équité pour les augmentations et promotions.
Identifier les écarts et zones de tension.
Sécuriser les pratiques vis-à-vis des exigences légales (égalité professionnelle, transparence salariale, etc.).
Un socle pour la rémunération, la mobilité et la GEPP
La classification des emplois constitue un point d’ancrage central entre :
La politique de rémunération (grilles salariales, enveloppes budgétaires).
La gestion des compétences (GEPP).
Les plans de succession, d’intégration et de développement.
Elle est aussi un support clé pour les dialogues sociaux et les accords collectifs.
Pourquoi mettre en place une classification des emplois claire et cohérente ?
Clarifier l’organisation et les parcours professionnels
Une classification bien conçue :
Apporte de la lisibilité sur les rôles et responsabilités.
Permet aux collaborateurs de se situer dans l’organisation.
Favorise la gestion des carrières et la mobilité interne.
C’est aussi un outil RH de pilotage essentiel : planification des effectifs, identification des talents, gestion prévisionnelle des emplois et compétences (GEPP), etc.
Garantir l’équité interne et la transparence
Une classification rigoureuse permet :
De justifier objectivement les écarts de rémunération.
D’éviter les décisions arbitraires ou historiques sans fondement.
De prévenir les tensions sociales.
C’est un outil de dialogue social précieux, notamment dans les processus de NAO (Négociation Annuelle Obligatoire) ou lors de réorganisations.
Piloter la rémunération avec précision
Une bonne classification alimente :
Les grilles de salaires.
Les budgets d’augmentation.
Les politiques de rémunération variable.
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Les étapes pour construire une classification des emplois efficace
Étape 1 : Cartographier les emplois existants
Il s’agit d’établir une photographie des postes réels dans l’organisation :
Intitulés actuels.
Missions principales.
Compétences clés.
Niveaux de responsabilités.
Cette étape nécessite des échanges avec les opérationnels, les managers et les RH pour objectiver les réalités du terrain.
Étape 2 : Définir un référentiel structurant
À partir de cette cartographie, on construit un référentiel :
Regroupement par familles professionnelles ou « filières »
Identification des emplois repères.
Définition de fiches emploi-types structurées et synthétiques.
🔗 Bon exemple : Référentiel métiers de France Compétences
Étape 3 : Poser des critères de classement clairs
Les critères doivent permettre de comparer les emplois entre eux. On peut trouver par exemples, des critères tels que :
- Le niveau de formation requis,
- Le niveau d’expérience exigé pour tenir, l’emploi,
- Le type d’instructions données,
- L’initiative accordée,
- Les relations interpersonnelles,
- Le niveau de responsabilité,
- Le niveau d’encadrement / management,
- L’impact sur les résultats,
- Etc.
Ils sont pondérés et croisés pour créer des niveaux de classification homogènes.
Étape 4 : Construire la grille de classification
Elle associe chaque emploi ou groupe d’emplois à :
Un niveau de classification.
Une plage de rémunération.
D’éventuelles perspectives d’évolution.
Elle devient la colonne vertébrale RH de l’entreprise.
Étape 5 : Communiquer, former et maintenir à jour
Communiquer clairement aux managers et collaborateurs.
Former les RH et opérationnels à l’utiliser.
Actualiser régulièrement en fonction des évolutions organisationnelles.
Zoom : classification et dialogue social
Dans les grandes entreprises ou les structures syndiquées, la classification des emplois est souvent :
Négociée avec les partenaires sociaux.
Inscrite dans des accords collectifs.
Intégrée aux NAO ou accords GEPP.
Une classification claire permet d’éviter :
Les conflits liés aux écarts de traitement.
Les requalifications juridiques.
Les contestations sur les évolutions de carrière.
Quels sont les risques d’une classification des emplois mal structurée ?
Des collaborateurs qui ne se reconnaissent pas dans leur fiche poste.
Des écarts de rémunération injustifiés ou incohérents.
Une difficulté à recruter ou à fidéliser (manque de lisibilité).
Une perte de confiance dans la politique RH.
Des litiges juridiques potentiels (discrimination, égalité pro…).
Une classification floue ou dépassée fragilise tout le socle RH de l’entreprise.
Bonnes pratiques et facteurs de succès
Bonnes pratiques clés | Pourquoi c’est important |
---|---|
Associer les managers opérationnels | Pour coller aux réalités du terrain |
Utiliser des emplois repères fiables | Pour objectiver et harmoniser |
Articuler classification et rémunération | Pour éviter les ruptures d’équité |
Intégrer un outil digital | Pour faciliter la gestion et la mise à jour |
Former en continu | Pour garantir l’appropriation durable |
Conclusion
Dans un monde professionnel en constante mutation, où les organisations doivent jongler entre performance, agilité, transparence et équité, la classification des emplois se révèle être bien plus qu’un simple outil RH : c’est un levier de structuration et de pilotage global.
Une classification claire, objective et partagée permet :
de donner du sens à l’organisation interne,
de renforcer la cohérence des parcours et des rémunérations,
de favoriser l’engagement des collaborateurs en leur offrant des repères,
de garantir l’équité et la conformité réglementaire,
de fluidifier les décisions RH dans un cadre maîtrisé.
À l’inverse, une classification floue, dépassée ou inadaptée peut être source de déséquilibres internes, de tensions sociales et de pertes de performance, tant individuelle que collective.
En 2025, les entreprises qui réussissent sont celles qui savent aligner leur structure avec leurs ambitions. Cela passe par une cartographie claire des emplois, une hiérarchisation cohérente des responsabilités, et une interconnexion forte entre classification, rémunération et compétences.
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